Trouver un avenir après la pitoune

ÉCONOMIE. Le gagne-pain de plusieurs propriétaires de boisés se termine dans un an.

L’usine de pâtes et papier Kruger était le seul endroit dans la région qui recevait toujours les troncs de quatre pieds des forêts de la Beauce.

Aux dires des transporteurs, certains croient que le printemps 2019 sonnera véritablement le glas de la transformation de cette ressource à Trois-Rivières. Cependant, personne ne le sait vraiment. «Ça fait deux qu’ils nous disent que c’est terminé, mais pour l’instant ils en prennent encore. J’ai parlé à des gens de l’usine et ils disent qu’ils n’y en restent pas pour longtemps», dit David Maheu, transporteur de bois de Saint-Joseph-de-Beauce.

Le jeune entrepreneur et son père font encore en moyenne deux allers-retours de plusieurs heures, porter des semi-remorques remplis de pitounes. Il n’y a pas si longtemps, ils pouvaient en faire une dizaine en sept jours. Leur revenu sera amputé d’environs du tiers sans le bois de papier.

Une économie sur le bord du gouffre

Le marché du quatre pieds représente 165 000 m3 de bois sur le territoire de l’Association des propriétaires de boisés de la Beauce (APBB), qui comprend 62 municipalités en Chaudière-Appalaches.

Cela représente une perte de revenus de 5,5 M$ annuellement (à 80$ la corde). Les répercussions se feront sentir, dans une large mesure, sur les revenus d’appoints des petits producteurs forestiers.

Explication

Lorsqu’un arbre est abattu, il y a généralement deux parties «sous-preneurs», c’est-à-dire un segment moins payant près du tronc et un autre à sa tête. Les bûcherons coupent généralement en quatre pieds ces deux parties. Le reste, plus lucratif, va se faire découper en planches dans les scieries.

Dans la catégorie de bois sous-preneurs, il y a aussi les arbres aux diamètres moins importants, issus d’éclaircies commerciales ou de divers travaux sylvicoles. Eux aussi sont divisés en quatre pieds.

Alternative

L’APBB tente de trouver de nouveaux marchés pour le bois de qualité pâte. Sans quoi la seule opportunité qui existe est d’en faire du bois de chauffage ou carrément de le laisser dans le bois.

Le colloque Savoir Affaires Beauce est l’une des initiatives créées pour trouver une solution à la pitoune. Des étudiants universitaires et des entrepreneurs se réuniront du 28 mai au 1er juin à Saint-Georges.

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