La Patatas Poutinas

Les abonnés à notre page Facebook – dont je vous incite à suivre – ont vu passer cette chose à première vue immonde que les Mexicains prétendent être une poutine. J’en ai fait la découverte dans un hôtel de Cancun et permettez-moi de vous en donner mes impressions gustatives.

Ma blonde adorée et moi avons donc relevé le défi extrême d’affronter tous les dangers dans le seul souci d’en informer les lecteurs du Beauce Média avides de sensations fortes. Certains me diront que je ne tiens pas beaucoup à ma blonde, ce à quoi je rétorquerai qu’elle s’est proposée de son plein gré à cette dégustation. Ma blonde, ce n’est pas une moumoune! (#Moiaussi)

Description sur le menu, en traduction libre : «Frites de style Montréal servies avec une sauce au bœuf demi-glace, du fromage Fontina, du poivre et du sel».  Avouez que la description est alléchante et respecte la recette de base : frites, sauce brune et fromage.

Petit aparté. Au Québec, nous sommes les spécialistes des recettes gastronomiques avec trois ingrédients. Pensons au pâté chinois et son steak-blé d’Inde-patate. Fin de l’aparté.

Alors, est-ce que c’est mangeable cette mixture informe? Que vous êtes impatients! Allons-y par étape si vous le voulez bien (et même si vous ne voulez pas, c’est moi qui décide!).

Commençons par les frites. Rien à dire de ce côté. Ce sont des frites tout ce qu’il y a de plus correctes, quelque part entre Ashton Leblond et Ronald MacDonald. Bon, les mettre dans une assiette plate n’est pas l’idée du siècle, un bol aurait été plus approprié pour amalgamer les saveurs. C’est une faute de goût aurait dit mon ami Vladimir (Poutine, bien sûr).

Pour ce qui est de la sauce brune, contre toute attente, elle est savoureuse, tout à fait digne de laisser les frites faire trempette dedans. Elle serait d’ailleurs parfaite pour un «hot hamburger» bien juteux.

Arrive maintenant l’ingrédient qui a inquiété pas mal de lecteurs Facebook, cet ofni (objet fondant non identifié) que certains ont même confondu avec de la moutarde mais qui ressemble surtout à une tranche de fromage orange Kraft fondue au four micro-ondes.

Bon, au départ, je doute un peu que ce soit du Fontina car c’est habituellement un fromage blanc. Par contre, comme on nous fait croire qu’une tranche de fromage Kraft est faite de cheddar bien qu’elle soit orange, rien n’interdit que la tranche de fromage fondue Fontina soit orange elle aussi. (Suivez-vous? Parce que moi je suis un peu perdu…)

L’ensemble mérite donc de se nommer poutine puisqu’il respecte les trois ingrédients de base. Les ayatollahs de la poutine me rétorqueront que la vraie recette exige du cheddar qui fait couic-couic. Mais comme il n’y en a pas au Mexique, ils ont bien le droit d’utiliser une spécialité locale, non? D’ailleurs, nos producteurs de fromage devraient développer le marché mexicain, ce qui éliminerait une partie du problème.

En finale, passons aux choses sérieuses : est-ce que c’est mangeable ou à vomir? Bien, je vais vous surprendre, ce n’est pas pire pantoute la poutine mexicaine, étonnamment bon (à l’échelle de goût de la poutine, bien sûr). Vous seriez surpris, je vous le dis : manger avec les yeux, c’est souvent trompeur.